Qui, aujourd'hui, ne se pose jamais de questions existentielles? Au lieu de se jeter sur de mauvais manuels de "prêt à penser" qui éteignent, bien souvent, toute velléité de réflexion, les mardis de la philo.be, reprenant à leur compte l'adage: "c'est dans les vieilles casseroles qu'on fait les meilleures soupes", proposent de permettre à tous, sans crainte, d'assister à des conférences et des débats d'ordre philosophique sur des sujets contemporains.
La deuxième saison commence lundi, avec la leçon inaugurale donnée par Raphaël Enthoven. Il viendra donc à Bruxelles pour l'occasion et donnera des interviews toute la journée, passant notamment en direct dans la nouvelle émission matinale de La Première, le Grand Mag, à 10h20.
Le soir, vous pourrez venir l'écouter parler d'un très beau sujet: l'identité. Comme quoi, des années après la parution du très beau livre d'Amin Maalouf, "les identités meurtrières", le sujet ne reste pas clos, au regard de notre récente actualité mais aussi des questions essentielles à se poser avant d'aller voter.
Ces derniers temps, j'ai eu l'occasion de me balader et de découvrir le quartier turc à Bruxelles, avec ses cafés chaleureux où l'on ne sert pas que du café plein de marc et des loukoum. J'y ai retrouvé la richesse d'une civilisation millénaire, à portée de main, dans ma propre ville. Un plaisir quand on a envie de s'évader un peu et de retrouver certaines essences d'un très beau voyage en Turquie que j'ai eu l'occasion de faire il y a quelques années.
Pourtant, loin de la magie de Sainte Sophie, j'ai terminé hier soir l'un des meilleurs livres que j'ai eu l'occasion de lire ces derniers mois: "Loin des Mosquées" d'Armel Job, paru chez Robert Laffont. J'ai eu beau voyager, c'est en lisant ce livre que j'ai eu véritablement le sentiment d'effleurer cette culture, avec toutes les difficultés identitaires qui se posent en cas de cohabitation avec les moeurs occidentales.
Bien sûr ce livre est engagé, bien sûr il dénonce la position de la femme turque, encore bien trop fréquemment considérée au mieux comme un objet d'échange, au pire comme un animal dangereux à brider. Mais les nuances sont également bien présentes, avec une critique sous-jacente de notre système matrimonial par exemple, qui se veut pour le long terme alors qu'il aime se baser sur des émotions qu'on prétend éphémères.
Très cohérent malgré l'abord de nombreux sujets complexes, l'auteur parvient à nous exposer les perceptions de chacun dans un conflit basé sur un événement qui ne nous semblerait même pas anodin mais plutôt "artistique", et qui aura des conséquences dramatiques sur son auteur et sur sa famille. L'écriture est à la fois limpide et belle, les mots fort bien choisis, avec délicatesse et justesse, et même une certaine dose d'originalité, puisque l'un des personnages principaux (le roman est écrit à plusieurs voix), est un croque-mort: "En principe, un corbillard n'a jamais d'accident". Une façon plutôt cocasse et inattendue de commencer un livre, qui donne terriblement envie de lire la suite, et d'aller jusqu'à la fin.
Le livre a été présenté ce midi à la librairie Quartiers Latins. Il est paru début 2012, mais la libraire aime revenir sur de bons titres, après qu'on en ait parlé ailleurs, comme pour rappeler que ce n'est pas parce que d'autres sorties littéraires le poussent vers une éternité incertaine, qu'il ne mérite pas d'être préservé et digéré, afin de s'offrir le luxe qu'on lui accorde notre temps devenu si précieux, par une deuxième lecture, dans les deux sens du terme.
Pour le programme des rencontres du samedi à la librairie: http://www.cfc-editions.be/cfc/fr/11118-rencontres.html
Plus d'infos sur les mardis de la philo.be: http://www.lesmardisdelaphilo.be/
Source de la photo: www.lemondedesreligions.fr
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